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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

de Laigle, Albert d’Harcely accompagné de ses deux sœurs, Germaine et Thérèse. Ces demoiselles avaient retrouvé leur ami changé, froid, distant, poli. Ce n’était plus le même Jacques, spirituel, flirteur, entreprenant, le Jacques d’autrefois au bras duquel on s’écartait dans les allées ombreuses pour bavarder d’avenir, faire des projets dorés, brillants et tendres ; ce n’était plus ce charmant adolescent dont les bouderies, les mauvaises humeurs même étaient aimables par les retours de tendresses qui les suivaient toujours. Quelle déception ! Avoir gardé fidèlement le souvenir du petit ami Jacques pendant trois ans, avoir attendu son retour sans se laisser conter fleurette par les autres Jacques du pays, avoir sauté de joie en apprenant son arrivée et tout-à-coup se retrouver en face d’un « monsieur le vicomte » à l’air ennuyé, hautain, presque dédaigneux de l’empressement qu’on montrait à le voir ! Germaine, l’aînée, essaya bien de rappeler le passé, les promenades dans les allées ombreuses, le baiser qu’on avait échangé au départ, trois ans plus tôt mais sa tendre éloquence fut perdue. Jacques de Villodin ne parut pas plus ému que si on lui eût rappelé l’âne qu’il battait un jour par