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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

de faire plus ample connaissance avec ces jolies filles que le ciel, pourrait-on dire, leur envoyait, les deux voyageurs s’étaient retirés discrètement au fond de la hutte et affectaient de suivre avec intérêt les figures lumineuses que la foudre découpait dans le ciel. Cependant, à la lueur fulgurante des éclairs, l’un des étrangers ramenait chaque fois ses regards vers le visage de Marie-Anna qui se profilait en silhouette obscure sur le fond de lumière ; à chaque éclat du tonnerre, les grands yeux noirs de la belle jeune fille se fermaient nerveusement sous l’empire de l’effroi. Le voyageur semblait désirer vivement une occasion d’être utile à la peureuse demoiselle.

Durant ce temps, Jeannette navrée contemplait sa robe neuve semblable à une loque, sa blouse légère moulant ses épaules et ses bras qui frissonnaient sous le froid contact.

— Pourvu que maman ne soit pas inquiète ! fit Marie-Anna. Si ce temps continue, elle va désespérer de nous !…

En entendant ces mots, le jeune voyageur qui s’intéressait tant au profil harmonieux de Marie-Anna s’approcha et dit avec un empressement sincère :