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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

une momie égyptienne. Voyons, Jacques, parlons sérieusement. Tu as entre les mains des matériaux considérables ; des documents, des notes ; tu as du style, tu sais dire les choses ; produis, Jacques, produis ! Rappelle-toi ce que je t’ai dit quelque temps avant notre départ du Canada : « L’homme doit laisser quelque chose de son âme à ceux qui le suivent » Que veux-tu que tes semblables fassent avec tes rêveries à la blonde ? s’exclama Gilbert qui retombait malgré lui dans son spirituel défaut. Rêve, Jacques ; rêve du matin au soir puisque tel est ton bon plaisir ; mais je te préviens qu’avec un bagage littéraire de ce volume-là, tu n’entreras jamais à l’Académie !

— Eh que m’importe l’Académie, le monde et le reste ! fit Jacques avec un geste d’indifférence absolue. Si le public veut des voyages qu’il lise l’Itinéraire de Paris à Jérusalem, Vingt mille lieues sous les Mers, Cinq semaines en ballon, le Tour du monde en 80 jours et qu’on me laisse en repos. Combien tu es dans l’erreur, mon ami, si tu crois que la notoriété me tente ! Elle ne tient pas plus de place dans mes ambitions qu’une mouche entre deux chaises. Et d’ailleurs, tu