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Page:Bluther - Marie-Anna la Canadienne, 1913.djvu/196

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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

jouissance qui entretient le feu, soit, mais aussi, en adoucit délicieusement les brûlures.

Villodin ne se fut lassé de moduler sur cette gamme ; mais Gilbert mal ferré sur les dissertations sentimentales se leva, tira de sa poche une superbe pipe en écume de mer et dit :

— Tu te manges le cerveau, mon cher ! Viens faire un tour de parc et jasons d’autres choses.

Jacques n’avait pas osé reparler de Marie-Anna à son père. De son côté, le comte ne l’avait pas repris sur ce sujet. Peut-être n’y pensait-il plus. Il pouvait encore supposer que les aquarelles canadiennes de Gilbert avaient simplement réveillé dans le cœur de son fils un caprice passager que le temps engourdirait à jamais si ce n’était déjà fait.

Cinq long mois s’écoulèrent durant lesquels Jacques vécut, comme il l’avait dit à Gilbert en perdant de vue l’univers pour s’isoler dans l’unique pensée de son amour. Le cahier du « Voyage anecdotique autour du monde » restait intact sur le métier, comme un outil abandonné qui se rouille mais en retour quand les lettres de Marie-Anna arrivaient au castel, une fièvre enragée d’écrire s’emparait de Jacques ; il exprimait toutes