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XVIII


— Où vas-tu, Marie-Anna ?

— Je vais à l’église faire un peu de prière, maman. Je n’y suis pas allée hier.

— Va, dit madame Carlier. Mais ne t’attarde pas trop. Henri peut arriver d’un moment à l’autre…

Elle ajouta, après une seconde de réflexion :

— Je l’enverrai à ta rencontre, s’il est ici avant ton retour.

Marie-Anna se pressa pour ne pas ressentir la fraîcheur du soir. La nuit tombait ; la rue était déserte. Seul, un homme la croisa d’un pas rapide. Elle pénétra dans l’église, alla s’agenouiller près de l’autel et pria.

Pour qui priait-elle ?… Pour elle-même sans doute, et pour elle, seule. La pauvre enfant venait de traverser la crise la plus aiguë d’une passion de jeunesse. Pour l’affection de sa mère, elle s’était arraché du cœur un amour aussi profond et vrai que l’amour peut l’être. Et après ce déchirement, elle avait, de sang-froid, cons-