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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

ciemment, tourné ses yeux vers un homme qu’elle n’aimait pas et qu’elle avait même repoussé un jour avec la dernière rigueur.

Oh, le sacrifice ! Avant que cette pensée sainte devienne salutaire, que de souffrances ne faut-il pas endurer ! Marie-Anna entendait en elle-même les cris sourds de deux voix intérieures dont les échos venaient mourir sur ses lèvres. L’une disait : « Ne l’oublie pas !… » L’autre répétait sans cesse : « Il n’existe plus pour toi ; tout est fini ! » Le souvenir et l’oubli se disputaient cruellement son cœur. C’était une lutte sans merci entre la conscience et l’amour, entre l’esprit de famille et la passion.

Marie-Anna pria longuement. Elle se rappela la recommandation de sa mère :

— Ne t’attarde pas trop, Henri peut arriver.

Elle se releva et se dirigea vers la sortie. L’église était silencieuse, remplie de ténèbres et de mystère. Le maître-autel seul, était faiblement éclairé. Marie-Anna se sentit émue en entendant le bruit sec de ses pas dans la nef sonore. En approchant de la sortie, elle distingua dans l’ombre, à côté du bénitier, un homme qui semblait attendre.