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Page:Bluther - Marie-Anna la Canadienne, 1913.djvu/238

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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

qu’il était prêt à tout ; le mondain français perçait en lui avec son insouciance de la mort, sa couardise, sa désinvolture de gentilhomme.

— Vous avez peur ! fit-il.

Henri haussa les épaules.

— Oui, monsieur, j’ai peur ! dit-il. Mais ce n’est pas de vous. Ici se présente la raison principale qui me fait repousser le projet d’une rencontre. En admettant un instant que nous nous battions, si vous me tuez, vous aurez un jour quelques millions d’années d’enfer pour ce joli cartel et j’en aurais autant, moi, pour l’avoir accepté ! Non là, franchement, monsieur, je ne peux pas peindre mon âme uniquement pour vous être agréable. Peut-être avez-vous des accointances familières avec le diable ; c’est un genre de faveurs que je n’ambitionne pas. J’ignore comment les gens observent les commandements de la religion catholique dans votre pays mais au Canada…

— Assez, monsieur ! trancha Villodin rudement. Je n’ai que faire de votre morale ou d’une leçon de catéchisme. La question est toute simple : il faut que l’un de nous disparaisse.