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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

— D’accord ! riposta Henri imperturbable. Retournez d’où vous venez : tout sera pour le mieux.

Villodin eut un ricanement.

— Vous avez une manière d’arranger les choses qui ne pèche pas par la simplicité ! fit-il. Vraiment ce serait trop facile et vous auriez la partie belle. Ah ça, voyons ; vous imaginez-vous que j’ai traversé les mers pour que vous me donniez mon congé sans plus de façon ? Avez-vous la naïveté de croire que je vous ai conduit chez moi pour que vous m’invitiez le premier à vider la place ?… Écoutez un peu, monsieur Chesnaye, j’aime Marie-Anna…

— Je vous défends de me le dire ! rugit Henri d’une voix terrible. Je suis son fiancé !

— Tout beau, mon joli page ! Mais vous ne m’empêcherez pas de le lui dire encore, à elle…

Henri n’était plus maître de lui ; les derniers mots de Villodin l’avaient mordu au cœur.

— Taisez-vous ! gronda-t-il sourdement en avançant d’un pas. Si vous répétez ce mot-là, je vous le fais rentrer dans la gorge avant que vous n’ayez achevé !

Sa voix s’empâtait sous l’empire de la colère.