Page:Bluther - Marie-Anna la Canadienne, 1913.djvu/249

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
246
MARIE-ANNA LA CANADIENNE

de celle-ci, Rose Bertelin qui l’accueillit chez elle et la combla d’amabilités.

Henri passa la journée entière auprès de Marie-Anna. Avant le couchant, ils allèrent se promener dans les sentiers avoisinants les chutes. Pour la première fois depuis bien des mois Henri goûta le bonheur de la voir seule, près de lui. Il chassa de sa mémoire le souvenir des souffrances qu’il avait endurées pour l’amour d’elle et ne se soucia plus que d’être heureux en faisant partager sa félicité à l’adorable jeune fille qu’il croyait bien avoir conquise. Il parla de leur vieille amitié d’enfance, esquissa des projets d’avenir, s’enivrant inconsciemment de sa propre joie sans remarquer que Marie-Anna ne répondait souvent que du bout des lèvres ou avec un enthousiasme forcé qui sonnait faux, sans s’apercevoir enfin qu’elle était triste, abominablement triste. Oh, le sacrifice ! L’horrible comédie intime déroulait ses phases ; la pauvre enfant faisait des efforts surhumains pour remplir son rôle de promise aimante et sincère et chaque acquiescement qu’elle prononçait contre la vérité de son cœur la brûlait aux lèvres comme un tourmenteur impitoyable et sourd.