Page:Bluther - Marie-Anna la Canadienne, 1913.djvu/255

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
252
MARIE-ANNA LA CANADIENNE

« Monsieur,

J’ai le regret de vous écrire aujourd’hui pour la dernière fois. Je quitte les Grandes Piles et n’y reviendrai pas avant votre départ du Canada.

M. A. »

Il eut un long soupir et ses sourcils se froncèrent nerveusement sous l’influence d’un choc pénible et d’un commencement de colère. Il froissa le papier, mâchonna quelques paroles puis sourit.

— Allons donc ! se dit-il. Marie-Anna elle-même ne me ferait pas croire que c’est elle qui a écrit cette lettre ; c’est sa mère ou ce médecin du diable. Et ce sont eux qui l’éloignent de moi… ma Mia-Na !…

Il eût pleuré si sa nervosité ne l’eût emporté sur sa douleur. Mais tout son être était depuis la veille soumis à une telle exaspération que ses yeux restaient secs sans autre expression que de la férocité. C’était moins l’amour de Marie-Anna que la haine d’Henri Chesnaye qui le gouvernait désormais. Il avait le cœur ulcéré de jalousie ; les sentiments les plus