Page:Bluther - Marie-Anna la Canadienne, 1913.djvu/259

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
256
MARIE-ANNA LA CANADIENNE

ne soupçonnant pas le drame qui se jouait autour de son hôte avait dû penser lui être agréable en informant le journal et ne l’avait pas prévenue pour jouir de sa surprise. Là était la véritable solution. Marie-Anna ignorait encore l’annonce de ce journal qui déchirait les voiles de sa retraite.

Le cœur gonflé par un renouveau d’amour, Jacques ne voulut voir là, qu’une déclaration de fidélité de Marie-Anna, un encouragement tacite, comme si la jeune fille lui eût dit elle-même :

— Patience, nous vaincrons !

Victime inconsciente de sa méprise, Villodin aima Marie-Anna dans cet instant plus qu’il ne l’avait jamais aimée, reconnaissant que c’était pour l’amour de lui qu’elle endurait mille tourments, — en quoi d’ailleurs, il ne se trompait guère — se rapprochant d’avoir douté d’elle. Il sentit sa haine pour Henri Chesnaye diminuer d’ardeur tandis que son amour reprenait des forces. Il le considérait maintenant comme un rival peu dangereux qui croit une femme dans son camp alors qu’elle est secrètement dévouée aux intérêts du camp opposé.