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Page:Bluther - Marie-Anna la Canadienne, 1913.djvu/286

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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

répondre ! supplia-t-elle les mains jointes vers le ciel.

Jacques sifflait toujours. Elle revint à la fenêtre, écarta un peu les rideaux ; son regard fouilla dans les ténèbres. Elle ne put rien voir. La malheureuse se prit la tête à deux mains en sanglotant :

— Il est là, il est là !… Mon Jacques, mon pauvre Jacques aimé !  !

Jacques sifflait toujours. La romance tournait au supplice. À quelques pieds plus haut, derrière la fenêtre, Marie-Anna devenait folle, le cœur ballotté dans une tempête, appelant sa mère et Dieu, murmurant le nom de Jacques, écoutant tour-à-tour sa conscience implacable et son amour ressuscité. Le démon de la tentation la prenait à la nuque et la secouait comme une pauvre petite chose, entêtée à mourir plutôt que céder. Jacques sifflait toujours. À travers les rideaux, dans la nuit, Marie-Anna lui envoyait des baisers puis se frappait la poitrine, honteuse devant elle-même de sa faiblesse.

La torture dura longtemps… mais la fenêtre ne s’ouvrit pas !

Dès l’aube, Villodin se rendit sur le chantier