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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

osant « gaffer » froidement pour le plaisir de placer un mot d’esprit avec justesse et à-propos mais il était, si l’on peut dire, le plus adroit et le plus spirituel des gaffeurs.

Jacques de Villodin le remarqua et se plut en sa société. Leurs divergences de caractère s’alliaient parfaitement ; ils furent bientôt inséparables et leur amitié se resserra davantage au fur et à mesure qu’ils se connurent mieux. Gilbert prit à la fréquentation de l’élégant aristocrate des manières observées qui, par contraste avec ses formes lourdes n’étaient pas sans grâce, mais il ne put jamais atteindre à cette perfection dans le maintien, à cette aisance dans le geste qui étaient les dons de son noble ami. Son langage surtout s’affina ; il resta railleur et mordant mais au lieu de railler avec grossièreté, il mordit avec esprit.

À l’époque des vacances, Gilbert fut conduit au château de Rézenlieu-Villodin et présenté au comte et à la comtesse.

Dix-huit mois plus tard environ, quand Jacques de Villodin eut terminé ses études de philosophie, son père le manda et lui dit :

— Jacques, tu es maintenant un homme. Tu