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Page:Bluther - Marie-Anna la Canadienne, 1913.djvu/32

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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

connais de la vie ce qu’un garçon de ton âge doit en connaître, il te faut désormais vivre par tes propres moyens, apprendre à tourner ou à vaincre les difficultés, gagner de l’expérience et faire tomber cette écorce de petit maître que tu garderais ici dans la vie de château. Je mets à ta disposition les fonds nécessaires pour un voyage de trois années dans tel ou tel pays qu’il te plaira de visiter. J’attache une importance capitale à ces années de ta vie ; mon but est de t’engager à choisir une carrière quand tu auras vu le monde, étudié les hommes, formé ton intelligence et orienté tes volontés. Va et tiens-moi au courant de tes études… Encore un mot ; je n’ai pas voulu te séparer de ton ami Gilbert qui vit près de toi depuis longtemps ; il t’accompagnera.

Le matin du départ, la comtesse de Villodin lui avait dit entre deux baisers :

— Parle-moi quelquefois de tes plaisirs et de tes peines, mon grand. Songe que je n’aurai plus que ta sœurette Marguerite près de moi… Ne m’oublie pas, Jacques !

Le jeune homme s’était écrié :

— Oh maman !…

Et dans ce mot qu’il ne prononçait jamais, di-