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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

ne quittaient la place qu’à la façon des chiens, sur les quatre pattes. Le bruit des chansons, des jeux et parfois des injures exaspérait les pensionnaires qui vouaient les ouvriers buveurs à tous les enfers imaginables. Aux récriminations la tenancière se contentait de répondre en laissant tomber ses grands bras d’un air pitoyable :

— Que voulez-vous, il faut vivre ! Ce sont mes meilleures journées.

Gilbert avait recueilli là, avec la pointe de son crayon une collection de tableaux du vice ; il les comparait, les examinait minutieusement, essayait des effets dans des cadres de carton blanc et bleu cendré quand Villodin entra tout guilleret en fredonnant une chanson canadienne.

— Il y a du nouveau ? demanda Gilbert frappé de son humeur joyeuse.

— Oui, répondit Jacques. Puis du ton d’un huissier annonçant des ambassadeurs :

— Monsieur Jacques de Villodin et son ami, monsieur Gilbert Sansonnet sont invités à passer la soirée chez mademoiselle Marie-Anna Carlier.

— C’est trop d’honneur, monsieur le vicomte !