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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

ou si elle voulait connaître le fond de ses pensées en mettant son esprit à l’épreuve.

Il allait reprendre l’offensive par une de ces phrases habiles qu’il tenait toujours prêtes quand près de lui, des éclats de rire détournèrent son attention et celle de Marie-Anna.

Assis près du piano, les jambes allongées, les yeux dans le vague, Gilbert Sansonnet racontait une aventure qui lui arriva en débarquant à Vancouver :

— « Le Canada est un pays de progrès ! disait-il. On y voit partout le triomphe de la mécanique et du génie inventif des hommes de ce siècle. Lorsque je mis le pied sur la terre canadienne après vingt-cinq jours de traversée, je cherchai par les rues de Vancouver une boutique de barbier. J’avais au menton une végétation capillaire indigne d’un homme civilisé. Quand pareille nécessité se présente en France, en Allemagne, en Italie, dans nos pays de vieille routine, nous allons chez le coiffeur et nous nous asseyons sur une modeste chaise semblable à celle d’une salle-à-manger ; la tête appuyée sur le dossier de la chaise on attend béatement que le barbier ait terminé la soustraction des nuisances du visage.