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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

désir non dissimulé de le tenir à distance tout en le tenant un peu.

Au retour de la promenade aux Rapides, Gilbert lui avait dit avec une assurance narquoise :

— Mes compliments, Jacques ! Je crois que tu as trouvé la bonne manière.

Et en effet, Marie-Anna charmée par le récit de la montagne avait exprimé son contentement avec tant de candeur, de simplicité, de confiance que le jeune homme avait aussitôt découvert les véritables sources de l’amour. Avant ce jour, il n’avait jamais aimé. Les amourettes de passage sous les latitudes européennes ou asiatiques n’avaient été que d’instables caprices ; elles n’avaient rien laissé dans son cœur ; seulement un vague souvenir dans sa mémoire et un sourire indécis sur sa lèvre chaque fois qu’il y repensait. Courtes folies sans tendresse, sans lendemain ! Fleurs sans parfums qui meurent quand on les cueille ! Et avec quelle facilité, lui le voyageur paré d’un beau visage, d’un nom riche et blasonné, avec quelle facilité n’avait-il pu les cueillir ces pauvres fleurs un instant regardées, conquises puis pour toujours oubliées ?