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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

voirs dans ma religion et dans ma famille pour m’attacher à des biens qui m’en détourneraient peut-être et j’en éprouverais un remord qui troublerait à-jamais mon repos.

— Pourquoi m’infligez-vous toute cette morale ? dit Jacques. Il n’y a rien dans mon amour qui ne soit saint, qui ne soit le respect et l’adoration de vous !

— Illusions que tout cela !

Jacques se méprit au sens de cette phrase et se sentit blessé.

— Les Canadiennes ne savent pas aimer ! s’écria-t-il avec amertume.

— Oh vous vous trompez, monsieur ! riposta vivement Marie-Anna, piquée à son tour par cette apostrophe. Elles savent aimer, au contraire mais d’une manière différente, peut-être de celle des jeunes filles de votre pays. Je m’expliquerais ainsi que vous n’ayez pas compris ma réserve à votre égard, continua-t-elle étourdiment, en s’échauffant à ce sujet délicat. Ici c’est la raison qui contrôle le cœur et le cœur lui est soumis.

Les yeux de Villodin brillèrent de joie à ces derniers mots.