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Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/141

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Que vont-ils me dire ? — Et leurs questions me résonnaient d’avance dans les oreilles tout le long du chemin. J’avais de plus crainte que de tristes changements ne se fussent produits aussi chez eux, pendant ces deux années, où je n’avais eu d’eux aucune nouvelle. »

« Et ne leur avez-vous donc jamais écrit, du moins ton mari, à ton défaut ? » demanda la princesse avec étonnement.

« Ce n’est pas l’usage chez nous, d’envoyer des lettres. Notre souvenir consiste surtout dans des prières que nous faisons l’un pour l’autre ; seulement quand une connaissance nous arrive nous faisons dire, comment les choses vont chez nous. Des lettres ? Qui sait qui est-ce qui les reçoit et où elles vont. Mon père a écrit quelquefois des lettres à des soldats de notre village que l’on avait envoyés bien loin au-delà de la frontière ; par exemple quand les parents voulaient leur envoyer de l’argent et savoir s’ils étaient encore en vie. Mais à retour au pays, ils disaient toujours n’avoir rien reçu. Et c’est comme ça, madame la princesse ; quand il arrive une lettre d’un homme du commun, on n’y prend pas garde. »

« Ne pense pas cela, ma bonne, » interrompit la princesse : toute lettre, de n’importe qui elle vienne, doit être remise en la main de celui à qui elle est adressée. Personne autre ne peut ni la retenir, ni l’ouvrir. Il y a de grandes punitions pour cela. »

« Oui, cela est juste ; et j’en crois bien madame la princesse ; mais nous préférons pourtant nous