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Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/227

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« C’est la prophétie du garçon aveugle, » répondit grand’mère.

« Si vous saviez grand’mère, comme j’ai peur quelque fois ! si grande que je ne puis le dire. » N’est-ce pas vous ne voudriez pas non plus que la Bohême fût distribuée par les pieds des chevaux ? »

Folle que tu es ! comment pourrais-je moi, consentir à pareil malheur, lorsque nous faisons chaque jour des prières pour le bonheur de la terre bohême, et lorsqu’elle est notre mère à tous ? Allons ! Quand je verrais ma mère précipitée dans la ruine, pourrais-je rester indifférente ? Et que vous feriez-vous si quelqu’un voulait tuer votre mère ? »

« Nous pousserions des cris, et nous pleurerions, » s’écrièrent les garçons avec Adèle.

« Vous n’êtes que des enfants encore, » dit grand’mère en souriant.

« Nous serions tenus de lui venir en aide, n’est-ce pas grand’mère ? » dit Barounka, l’œil de la fillette s’enflamma. Oui bien ! c’est cela, qu’on doit faire ma chère fille ; des cris et des pleurs ne servent de rien, » dit grand’mère posant la main sur la tête de sa petite fille.

« Mais nous sommes encore petits grand’mère, en quoi pourrions nous donc aider les autres ? se mit à dire Jean qui était bien un peu fâché du peu de cas que grand’mère venait de faire de lui. »

« Ne vous souvenez-vous plus de ce que je vous ai raconté du petit David qui a tué Goliath ? Vous voyez que le petit peut beaucoup quand il a grande confiance en Dieu. — Souvenez-vous en bien. Quand vous serez grands vous irez dans le monde, où vous