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Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/346

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allait être fiancée à un comte, issu d’une famille riche, avec laquelle madame la princesse est au mieux, aussi souhaite-t-elle beaucoup ce mariage. Je ne sais pas trop comment cela finira », ajouta M. Proschek, avec un signe de tête qui marquait son peu de confiance en la réussite du projet de mariage.

« Et qu’est-ce que le comte en dit », demandèrent les femmes ?

« Et qu’est-ce qu’il en pourrait dire — ? Il faut bien qu’il se résigne à attendre le rétablissement de la jeune fille ; que si elle meurt, il pourra en être bien chagrin, s’il l’aime vraiment. On dit qu’il veut suivre la princesse en Italie.

« Et la demoiselle aime-t-elle le comte, » demanda grand’mère ?

Qui est-ce qui peut le savoir ? Si elle n’a pas le cœur épris déjà d’un autre, celui-ci a de quoi plaire, c’est un bel homme, » répondit Jean.

« Oui, mais-c’est la condition, qu’un autre ne lui ait déjà pas plu davantage, » dit le meûnier qui tendait sa tabatière ouverte, à M. Proschek. Des goûts on ne dispute pas. C’était on le sait son proverbe favori.

« Voyez notre petite cabaretière ; elle serait déjà mariée et ne serait pas comme aujourd’hui noyée dans les larmes ; si ces diables ne lui avaient pas emmené celui qu’elle aime. Tout en disant cela le meûnier présentait sa tabatière à la ronde, et prisait lui même, en clignant de l’œil du côté de Christine, qui était aussi là, présente.