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Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/368

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hommes entre eux comme il en est de moi avec les plantes. De celles-ci, il en est que je n’ai pas à aller chercher bien loin : je les rencontre dans toutes les prairies et en toute contrée ; mais aussi il en est quelques autres, à la recherche desquelles il me faut m’enfoncer dans l’épaisseur du bois, grimper sur la montagne à travers des roches, ne point regarder aux épines et aux chardons qui me barrent le chemin. Mais je me trouve récompensée au centuple par la plante même. Cette vieille femme qui nous rapporte toujours des montagnes la mousse odorante qu’elle y a trouvée nous redit toujours : « elle m’a donné bien de la peine à trouver ; mais elle me paie bien, de cette peine. Cette mousse a le parfum de la violette, et elle nous rappelle en hiver le senteurs du printemps. Mais pardonnez, Madame, si je m’écarte ainsi de ce que je disais d’abord. Toutefois je tenais encore à ajouter que mademoiselle la comtesse a gardé de la gaîté, aussi longtemps qu’elle avait l’espérance ; mais à présent qu’elle l’a perdue entièrement, elle commence à reconnaître que l’amour qu’elle ressentait est porté au double. Car il arrive souvent que nous ne connaissons la valeur de ce que nous possédions qu’après l’avoir perdu.

« Je te remercie de m’avoir fait connaître la vérité, » dit la princesse, « je ne sais si je pourrai en faire mon profit ; mais je ne veux que le bonheur d’Hortense. C’est à toi que je devrai en savoir gré ; car sans toi je n’aurais pas pu trouver la trace. C’est demain que la comtesse doit peindre. Viens au château avec tes petits-enfants. »