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Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/369

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Sur cette parole, la princesse congédia grand’mère, qui s’en allait heureuse avec la conscience d’avoir contribué par une bonne parole au bonheur de quelqu’un. Elle était déjà près de la maison, lorsqu’elle fit la rencontre du chasseur ; il paraissait tout épouvanté, et sa démarche était rapide : « Entendez ce qui est arrivé ! » dit-il d’une voix émue.

« Ne m’effrayez pas, dites vite. »

« Messagère de Dieu, la foudre a frappé Victoire. »

Grand’mère joignit les mains, et fut un moment sans pouvoir proférer une parole, jusqu’à ce que deux larmes grosses comme deux pois de vermeille sortissent de ses yeux : « Dieu l’a aimée : souhaitons lui l’éternelle paix, » dit-elle à voix basse.

« La mort lui a été légère, dit le chasseur. »

À ce moment, M. et Mme Proschek et leurs enfants sortaient de la maison. En apprenant la triste nouvelle, ils restèrent tous comme interdits. « J’étais bien inquiet pour elle avant l’orage, quand je la vis qui était debout sous l’arbre. Je lui criais, et faisais des signes, et elle ne faisait que rire. Ah ! c’est un bonheur pour elle. »

« Et qui est-ce qui l’a trouvée, et où ? » demandèrent-ils.

Je suis allé en forêt, aussitôt l’orage passé pour voir les dégâts. J’arrivai à cette hauteur couverte de sapins entrelacés, que vous connaissez bien, et qui ont crû ensemble au-dessus de la grotte de Victoire. J’y vois quelque chose de couché sous les aiguilles et les ramilles de sapin. Je crie : pas de réponse. Je levai les yeux en haut pour connaître la cause qui avait accumulé tant d’aiguilles de sapin