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Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/398

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de rubans. La jeune mariée pleurait ; mais rien n’y fit. Les femmes chantaient ou poussaient des cris joyeux, à l’exception de grand’mère qui demeura sérieuse ; seulement un sourire de bonheur glissait par moments sur son doux visage ; puis son œil se mouillait : elle pensait à sa fille Jeanne, qui, dans ce moment là peut-être, célébrait aussi son mariage. La jeune mariée avait donc le bonnet sur la tête ; il lui seyait à ravir, et la meûnière affirmait qu’il lui donnait l’air d’une reinette de Misnie. »

« Et maintenant, dit grand’mère, allons chercher le jeune marié. » Quelle est celle de vous qui va le taquiner ?

« Ce sera la plus âgée, proposa la meûnière. »

« Attendez, je vais lui en conduire une ! » dit la femme de Thomas, et elle sortit vite pour ramener une vieille fileuse qui lavait dans la cuisine. On lui ajusta un fichu blanc par-dessus la tête ; l’intermédiaire des fiançailles la prit par-dessus le bras, et la conduisit au fiancé, « pour qu’il l’achetât. » Le fiancé tourna autour d’elle, en cherchant à la reconnaître, usqu’à ce qu’il eut réussi à lever le fichu ; sous lequel il aperçut un visage ridé et tout couvert de cendre. On en riait bien un peu ; le fiancé ne pouvait que renier une fiancée pareille ; l’intermédiaire dut la remmener ; mais elle lui en conduisit une autre. Celle-ci parut être plus jolie, et au fiancé, et au bavard ; déjà ils voulaient l’acheter, lorsque le bavard se désista, en disant d’un ton décidé : « Mais allons donc ! qui est-ce qui achèterait un lièvre dans le sac ? » Et comme il eut levé un coin du fichu, on aperçut dessous la bonne et gaie