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Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/404

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plus à la maison paternelle : elle s’en ressouvenait, et disait en soupirant : « De ce qu’elle n’est plus à la maison, je ne la reverrai plus. Est-elle heureuse ? » Et grand’mère les attendit tous.

M. Proschek et l’étudiant Guillaume avec lui arrivèrent des premiers, pour voir encore grand’mère ; sa fille Jeanne suivit ; ce fut ensuite le tour de son fils Gaspard, puis celui de M. Beyer des Géants, avec le brave chasseur Jean ; Orlik arriva aussi, mais de cette école de sylviculture, où l’avait placé la princesse, qui avait reconnu en lui de grandes dispositions pour la science forestière. Grand’mère le comptait aussi au nombre de ses petits-enfants, à raison de son inclination décidée pour Adèle, et de la noblesse de son caractère. Ils étaient tous rassemblés autour du lit de grand’mère ; mais la première accourue était Barounka, dont l’arrivée avait coïncidé avec le retour du rossignol dans le nid qu’il s’était fait, près de la fenêtre de grand’mère. Barounka s’était installée dans cette même petite chambre de grand’mère, où son lit était déjà autrefois ; là où elles écoutaient ensemble les jolis airs du meilleur chantre du bocage ; là encore où, tant de fois, grand’mère l’avait bénie soir et matin. Elles se retrouvaient ensemble comme autrefois, avec les mêmes conversations à tenir, les mêmes constellations d’étoiles à regarder ensemble ; les mêmes mains reposaient sur la tête de Barounka, pour la bénir encore ; car pour grand’mère c’était bien la même tête ; — mais d’autres pensées surgissaient en elle, et c’étaient d’autres sentiments qui faisaient couler les larmes ! — Larmes qui n’étaient plus celles que grand’mère essuyait, surtout avec son