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Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/62

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« Jolie histoire peut s’entendre deux fois, nombre de fois, sans ennuyer. Vous n’avez qu’à dire, grand’mère », ajoutait la meûnière.

« Eh bien ! je vais vous la raconter. Mais vous enfants, asseyez-vous, et restez tranquilles. »

Les enfants s’assirent et respirèrent à peine.

« Au temps où l’on bâtissait la ville de Nový Ples (Josephstadt), » ainsi commença grand’mère, « je n’étais encore qu’une toute jeune fille. Je suis d’Oleschnitz. Savez-vous où est situé Oleschnitz ? »

« Oui, nous savons, » dit le maître-garçon, « que c’est derrière Dobruschka, dans les montagnes, et sur la frontière de Silésie. »

« C’est là que je suis née. À côté de notre maison demeurait la veuve Novotna, dans une petite chaumière. Elle vivait, de son travail, à faire des couvertures à longs poils. Quand elle en avait fini plusieurs, elle allait les vendre à Pies ou à Jaroměř. Elle passait chaque jour plusieurs heures chez ma mère défunte ; et nous autres enfants, nous allions chez elle plusieurs fois dans la journée. Notre père était le parrain de son fils. Aussitôt que je fus en état de faire un peu d’ouvrage, Novotna me disait ordinairement quand j’allais la voir : « Viens t’asseoir au métier de tisserand et apprends ; il est toujours bon de savoir un peu travailler. Ce qu’on a appris dans sa jeunesse se retrouve dans la vieillesse. » Au travail donc j’étais tout feu, et il n’était jamais besoin de m’y pousser. J’étais docile, et je sus bientôt ce métier. À cette époque, l’empereur Joseph venait souvent à Nový Pies. On parlait de lui partout, et qui