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Page:Boccace - Le Décaméron (Contes choisis), 1913.djvu/9

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En dépit de tout le travail littéraire dont il les a chargées par la suite, il leur reste quelque chose de la façon vivante et spontanée que Boccace avait d’en essayer l’effet sur ses contemporains. Et il le sait bien. Il a eu confiance en son parler. Il a compris les destinées de la prose italienne qu’il aidait à créer. Plus près du peuple que Dante et que Pétrarque, Boccace a deviné qu’il pouvait sans crainte lui confier son Décaméron.

Préoccupé de réparer les injustices, de redresser les torts, il pensait plus aux autres qu’à lui-même. Mais, comme il avait l’esprit pratique et qu’il était fils de marchand, il ne tombait pas dans le donquichottisme. Il n’a cessé de plaider à Florence la cause de Dante. Il a réveillé, pour l’exilé mort, l’admiration et le respect. C’est lui que les capitaines d’Or San Michele chargèrent de remettre à Béatrice Alighieri, religieuse du monastère de Saint-Etienne, à Ravenne, dix florins. En offrant à la fille de Dante ce don expiatoire et symbolique, Boccace l’interrogea, tout pénétré de dévotion, et puisa dans ses souvenirs des émotions précieuses. Pour sauver l’honneur de sa ville d’adoption, le conteur de Certaldo a écrit une vie de Dante toute vibrante de haute admiration et ses dernières forces ont été consacrées à commenter les premiers chants de l’ Enfer dans une église de Florence. Quand Hugues IV, roi de Chypre et de Jérusalem, demanda à Boccace une sorte d’encyclopédie mythologique pour aider à la compréhension des auteurs classiques, le premier mouvement de celui-ci fut d’indiquer Pétrarque comme plus capable que lui de mener à bien un ouvrage de cette nature. L’insistance de son royal client, l’obligea de se résigner et il composa le De genealogiis Deorum genlilium, comme il fit, pour résoudre les doutes géographiques des humanistes, le Demontibus, sylvis, fontibus,