Page:Bodin - Le Roman de l’avenir.djvu/403

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force d’oublier Athènes florissante sous les lois de Solon, pour ne songer qu’à l’Athènes que nous promet le dix-neuvième siècle.

« Ce n’est pas dans la vaste enceinte du Pnyx que se discutent les lois et les affaires de l’état. Les sociétés ne se gouvernent plus en plein air : où sont les hommes qui pourraient se faire entendre de la tribune d’où tonnait Démosthène ? aujourd’hui les assemblées politiques sont des délégations, et les orateurs des mandataires. Les citoyens n’ont plus d’esclaves qui travaillent pour eux, et les ateliers de l’industrie ont vidé la place publique. Aux factions turbulentes d’une démocratie aveugle et passionnée, créant follement des idoles de popularité qui devenaient bientôt ses tyrans, succéderont peut-être la vénalité d’une représentation avilie ou des élections faussées par la violence. Mais quelles institutions n’ont pas leurs abus ? Si la police républicaine des anciens avait plus d’énergie et de grandeur, le régime trouvé dans les forêts, comme dit Montesquieu, offre plus de sécurité et de garanties aux individus ; c’est le gouvernement de la société moderne.

» Le Parthénon, ce glorieux monument du génie de Phidias, est restauré. C’est là que le congrès d’Athènes tient ses séances. Quel palais plus digne d’un corps de législateurs que le temple de Minerve ? Les Propylées, que détruisirent les bombes vénitiennes, viennent d’être relevées. Une foule immense remplit ces superbes vestibules et se porte vers le Parthénon : la garde civique d’Athènes est sous les armes ; j’entends tonner le canon de l’Acropolis. Quelle solennité célèbre-t-on ? C’est l’anniversaire de la délivrance de la Grèce et en même temps l’ouverture d’une session législative. Le cortège se dirige d’abord vers une haute colonne élevée à la mémoire des hommes qui ont servi la cause de l’indépendance grecque. Leurs noms y sont inscrits ; je m’approche, je reconnais parmi eux des noms français, et je sens mon cœur tressaillir. Plus haut est une grande inscription dont je ne peux lire que le mot alliance. S’agit-il de celle des peuples ? Je suppose que c’est plutôt de la fameuse alliance des rois au commencement du siècle ; mais l’éloignement de l’inscription