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Page:Bodin - Le Roman de l’avenir.djvu/404

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m’empêche de savoir comment elle est jugée par la postérité.

« La prison turque, cette vieille tour, reste d’un fort vénitien, est rasée. La colonne de la délivrance a été érigée sur son emplacement. Devant ces grottes obscures, qui furent les cachots de l’aréopage, sont des jardins délicieux, des retraites commodes et paisibles. Près du lieu où Socrate et Phocion burent la ciguë, habitent des hommes vertueux proscrits de leur pays pour leurs opinions politiques ou leurs idées religieuses. Galilée ou Sydney, s’ils vivaient, y trouveraient un refuge. Les Athéniens modernes ont voulu que jusqu’au moment où la tolérance et la liberté seront établies sur toute la terre, ces jardins soient l’asile de ceux que poursuivent l’arbitraire et le fanatisme. O la plus illustre des victimes de l’intolérance, Socrate, tu dois trouver ta mort dignement expiée !

« Les ports de Phalère, de Munychie et du Pirée ont recouvré leur antique splendeur. Une forêt de mâts y est rassemblée. De vastes et savantes constructions offrent une heureuse sécurité aux vaisseaux de vingt nations. Le commerce de l’Asie et de la Méditerranée y trouve un entrepôt ouvert à tous ses produits, et le commerce indigène est protégé par la belliqueuse marine d’Hydra dont les premiers efforts furent si glorieux, qui força ensuite les Dardanelles, qui bombarda Constantinople. C’est à Hydra que stationnent les vaisseaux de haut bord de la marine athénienne.

« Des platanes se sont élevés de nouveau dans les jardins d’Académus. C’est là que le premier corps littéraire d’Athènes se rassemble. On ne s’y évertue point à déclamer des lieux communs dans un langage apprêté. On s’y occupe de choses plus graves et plus utiles. On y professe les principes éternels de la morale et de la religion extraite des livres des Platon, des Cicéron, des Rousseau, des Francklin. Le gymnase de Ptolémée est une succursale de l’Académie. On y enseigne les lettres grecques, et en même temps les littératures de l’Europe moderne. Là où l’aréopage tenait ses séances, je vois le palais de justice d’Athènes ; un jury éclairé y