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Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/18

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ennemis de ceux ci, qui ne sont pas moins, et peut-être plus dangereux, qui sous voile d’une exemption de charges, et liberté populaire, font rebeller les sujets contre leurs Princes naturels, ouvrant la porte à une licencieuse anarchie, qui est pire que la plus forte tyrannie du monde. Voilà deux sortes d’hommes qui par écrits et moyens du tout contraires conspirent à la ruine des Républiques : non pas tant par malice que par ignorance des affaires d’état, que je me suis efforcé d’éclaircir en cet œuvre, lequel pour n’être tel que je désire, n’eût encore été mis en lumière, si celui qui pour l’affection naturelle qu’il porte au public, comme il en a fait preuve, ne m’eût incité à ce faire, c’est Nicolas de Liures sieur de Humeroles, l’un des gentil-hommes de ce Royaume des mieux accomplis en toutes sciences honnêtes et vertus rares. Et pour la connaissance que j’ai depuis dix-huit ans, de vous avoir vu monter par tous les degrés d’honneur, maniant si dextrement les affaires de ce Royaume, j’ai pensé que je ne pouvais mieux adresser mon labeur pour en faire sain jugement, qu’à vous-même. Je vous l’envoie donc pour le censurer à votre discrétion et en faire tel prix qu’il vous plaira : tenant pour assuré qu’il sera bien venu par tout s’il vous est agréable.

Votre très affectionné serviteur.
J. Bodin.