Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/778

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que disoit Platon, que Dieu gouverne ce monde par proportion Geometrique : parce qu’il a prins ce fondement, pour monstrer que la Republique bien ordonnee à l’image de ce monde, doibt estre gouvernee par Justice Geometrique. J’ay monstré tout le contraire par la nature de l’unité raportee aux trois premiers nombres harmoniquement : & de l’intellect, aux trois parties de l’ame : & du point, à la ligue, à la superfice, & au corps. Mais il faut passer plus outre : car si Platon eust regardé de plus pres, il eust remarqué ce qu’il a oublié en son Timee, que ce grand Dieu de nature a composé harmoniquement le monde de la matiere, & de la forme : par equalité & similitude. & d’autant que la matiere estoit inutile sans la forme : & la forme ne pouvoit subsister sans la matiere, ny en tout l’univers, ny en ses parties : il en composa le monde, qui est esgal à l’une, & semblable à l’autre : il est esgal à la matiere, & semblable à la forme : comme la proportion harmonique, est composee de la proportion Arithmetique, & Geometrique, esgale à l’une, & semblable à l’autre. estant l’une separee de l’autre imparfaite. Et côme les Py thagoriês facrifîerét des heratom-
bes, nô pas pour la fouftendue de l’angle droit, qui pent les deux coftez : 8tI fa demoftra— ma*s Pourauoirtrouué en vne mefme figure l’equalité, ôc fimilitude de
tio pcrfpicua fie deux autres figures : eftât la troifiefme figure égalé à la premiere, & fem-
niable à la8fecode : aufii Dieu a fait ce mode égal à la matiere, par ce qu’il
côprend tout, & n’y a rien de vuide : &(ébIableà]aforme, qu’il auoitfi-
ie redunguiiimi. guree au parauât que faire le monde.côme nouslifons en la fainûe9 eCper 13. fecundi erit 7,.ti, ^ 1t„.t.t_triâguium3.æqua’cnptmre..ct quat au mouuemés de ce monde, on voit que Dieu en a fait
fimiitSgulof ? vn efgal, qui eft le mouuemét rauidautre inégal, qui eft le mouuement
Liaifon har planétaire, ^ contraire au premier.le troifiefme eft le mouuement tre-
monieufe blant, quiembraffe &lyej’vn à l’autre. &fî nous cherchons parle menu
du monde les autres creatures, nous trouuerons vne perpetuelle liaifon harmoni-
&defespar que, qui accorde les extremitez par moyens indifTolubles qui tiennent
des.tdel’vn ôc de l’autre : comme on peut voir entre la terre, ôc les pierres, l’argille : entre la terre ôc les métaux, les marcafites, calamités 5 ôc autres
mineraux : entreles pierres, & les plantes, les efpeces de corail qui font
plantes lapifiees prenant vie, ôc croiffance par les racines : entre les pla¬
tes, & animaux, les Zoophytes,ou plante bestes : qui ont sentiment, & mouvement, & tirent vie par les racines : entre les animaux terrestres, & aquatiques, les Amphibies, comme bievres, loutres, tortues, & autres semblables : entre les aquatiques, & volatiles, les poissons volans : & generalement entre les bestes, & l’homme, les synges, combien que Platon mettoit la femme : entre ceux cy & la nature Angelique, Dieu a posé l’homme, partie duquel est mortelle, & partie immortelle : lyant aussi le monde elementaire avec le monde celeste par la region Etheree. Et tout ainsi que le discord donne grace à l’harmonie : aussi Dieu à voulu que le mal fust entremeslé avec le bien, & les vertus posees au milieu des vices, affin qu’il en reüssist un plus grand bien, & que la puissance de Dieu par