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vii
INTRODUCTION.

les premiers temps de son règne, le prince goth n’épargna-t-il rien pour se concilier les Familles sénatoriales. Toutes les grandes magistratures, toutes les hautes dignités leur étaient presque exclusivement réservées, si bien que les vainqueurs pouvaient se croire tombés sous le joug des vaincus. Boèce eut sa part dans ces largesses politiques ; âgé de vingt ans à peine, il fut élevé au patriciat, et l’on sait que, malgré sa jeunesse, il sut se faire écouter du Sénat, dont cette dignité lui avait légalement ouvert les portes.

Toutefois, dans le système de gouvernement pratiqué par Théodoric, le rôle du Sénat était à peu près nul ; notre philosophe avait assez de loisirs pour s’adonner à des occupations plus utiles, et c’est pendant les années qui s’écoulèrent entre sa promotion au patriciat et son consulat que, selon toute apparence, il composa la plus grande partie de ses ouvrages. Ses premiers livres l’avaient rendu célèbre. Nous en avons la preuve dans une lettre ou Théodoric, ayant promis à son gendre Sigismond deux horloges hydrauliques, charge Boèce de les faire exécuter. Au milieu d’un étalage d’érudition dont il est difficile de ne pas sourire, le roi des Goths, ou plutôt son secrétaire, l’illustre Cassiodore, adresse au jeune patrice des compliments comme ceux-ci : « Nous savons que tu es rempli d’une ample érudition, et que tu as puisé à la source même de la science les arts que le vulgaire pratique sans les connaître… Au moyen de tes traductions, on peut lire en Italie Pythagore le musicien, Ptolémée l’astronome ; l’arithmétique de Nico-