Page:Boethius - Consolation 1865.djvu/10

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
vi
INTRODUCTION.

son contemporain et son ami, il n’a pu naître antérieurement à 470, ni postérieurement à 475[1]. Tout ce que l’on sait de sa première jeunesse, c’est qu’après avoir perdu son père de bonne heure, il eut pour tuteur un des plus illustres patriciens de Rome, et qu’à peine adolescent, il se distingua par son savoir dans toutes les branches des connaissances humaines. Il possédait à fond les mathématiques, la mécanique, gastronomie et la musique · il n’avait as de rival parmi les Orateurs de son temps ; mais c’est la philosophie surtout qui a fait et perpétué sa gloire[2].

Un si éclatant mérite ne pouvait échaper à l’attention de Théodoric, qui avait recueilli en 493, après l’avoir violemment ouverte la succession de l’Hérule Odoacre. La domination des Barbares était encore mal assise en Italie ; les Romains avaient toujours les yeux fixés sur Constantinople ; il fallait les habituer à tourner leurs espérances vers Ravenne. Aussi, dans

  1. Ennod., de Vita suu.
  2. Sur la foi de l’auteur inconnu d’un traité intitulé : de Doctrina scolarium, qu’on a longtemps attribué à Boèce, quelques biographes modernes ont écrit que notre auteur avait étudié la philosophie à Athènes, où il aurait vécu dix-huit ans dans l’intimité de Proclus. Cette assertion est toute gratuite ; il suffirait, pour s’en convaincre, d’un simple rapprochement de dates, alors même qu’elle ne serait pas formellement contredite par Cassiodore. Cet auteur, en effet, dans une lettre souvent citée, félicite Boèce d’avoir fréquenté les écoles athéniennes, sans s’être éloigné de son pays, et d’avoir ainsi rendu romaine la philosophie de la Grèce : Sic enim Atheniensium scholas longe positus introdisti ; sic palliatorum choris miscuisti togam, ut Græcorum dogmata doctrinam fereris esse Romanam. » Lib. I, cp. 45.