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INTRODUCTION.

pas plus d’effet que les défenses du même genre décrétées antérieurement par tous les empereurs chrétiens[1], menace de la peine de mort tous ceux qui seraient convaincus d’avoir sacrifié aux idoles. Et l’on ne peut dire que ces traînards du paganisme en déroute appartenaient exclusivement à la classe des paysans ou à la populace des villes ; car nous tenons encore du pape Gélase que Castor et Pollux, et surtout le dieu Pan[2], comptaient de nombreux adorateurs dans les classes les plus élevées de la société romaine. En effet, il serait difficile de comprendre comment le paganisme eût été relégué en Italie dans les couches inférieures de la population lorsqu’à la même époque on voit dans l’empire d’Orient des personnages tels que Maxime de Madaure, Longinien, Héliodore, Stobée, Agathias, etc., faire ouvertement profession de polythéisme. Nous l’avons dit, ce polythéisme, tel que l’avait interprété l’école d’Alexandrie, n’était plus guère, pour les esprits cultivés, qu’une théorie symbolique des lois de la nature ; c’était une philosophie plutôt qu’une religion, mais une philoso-

  1. « Au milieu du sixième siècle, quand Rome avait passé cinquante ans au pouvoir des Goths, les idolâtres y étaient encore si hardis qu’ils essayèrent d’ouvrir le temple de Janus et de restaurer le Palladium. Au commencement du septième siècle, saint Grégoire le Grand appelait la sollicitude des évêques de Terracine, de Corse et de Sardaigne sur les païens de leurs diocèses. » (Ozanam, la Civilisation au cinquième siècle.) — Voy. à ce sujet l’Histoire de la Destruction du paganisme en Occident, par Beugnot.
  2. Le culte du dieu Pan symbolisait, aux yeux de l’Église, le panthéisme philosophique de l’école d’Alexandrie.