renseignements les plus minutieux sur les circonstances qui l’ont précédé. Au nombre des torts imputés à notre philosophe figure naturellement l’opposition qu’il fit au roi à l’occasion de l’affaire du consulaire Albinus. D. Gervaise n’omet rien : ni la précaution que Cyprien aurait eue d’intenter son accusation contre Albinus en l’absence de Boèce, ni la vertueuse indignation de celui-ci à la nouvelle de cette manœuvre, ni son empressement à accourir à Vérone pour la déjouer, ni enfin les paroles textuelles du discours qu’il prononça en plein Sénat, et en présence du roi, pour la justification de son collègue.
Dans cet exposé, qui est fort étendu, il n’y a pas un mot qui ne soit controuvé. Nous n’aurions pas pris la peine cependant de relever ces puériles inventions, si, dans sa préface, D. Gervaise ne déclarait gravement qu’il n’admet aucun fait qui ne s’appuie sur l’autorité des témoignages les plus authentiques. Cette déclaration ayant induit en erreur quelques-uns de ceux qui, depuis, ont écrit sur le même sujet, il n’était peut-être pas inutile de la réduire à sa juste valeur.
… et ils m’accusèrent calomnieusement d’avoir, dans un intérêt d’ambition, souillé ma conscience d’un sacrilége.
De quelle sorte était le sacrilége qu’on imputait à Boèce ? Notre opinion est qu’on l’accusait de pratiquer en secret le culte des faux dieux, et que Boèce, qui avait ses raisons pour ne pas s’expliquer à cet égard, feint de prendre le change, en se disculpant, assez lestement d’ailleurs, comme il convenait à un personnage de son rang et de son caractère, du crime absurde de magie. Au reste, ce point a été discuté dans notre Introduction ; pour éviter toute redite, nous y renvoyons le lecteur.
Prends Dieu pour guide.
On lit dans la vie de Pythagore par Jamblique :
« Avant tout, sois maître de ta langue, si tu veux suivre les dieux. »
Suivre Dieu était aussi la règle de conduite des stoïciens :
« Omnem temporum difficultatem sciet sapiens legem esse naturæ. Et, ut bonus miles, feret vulnera, enumerabit cicatrices, et transverberatus telis, moriens, amabit eum, pro quo cadet, imperatorem. Habebit in animo illud vetus præceptum : Deum sequere. »
« Le sage doit savoir que si la vie a des misères, c’est une loi de la nature. Et, comme un brave, soldat il supportera ses blessures, comptera