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NOTES DU LIVRE I.

Note 28. Page 23.

… ou la condamnation qui avait frappé mes délateurs les avait-elle transformés en honnêtes gens ?

Vallinus entend autrement les mots præmissa damnatio. Selon lui, ils signifieraient l’arrêt de condamnation de Boèce, signé d’avance par le roi, et envoyé par ce prince au Sénat. Vallinus appuie cette interprétation sur le sens le plus habituel du verbe præmittere. Nous ne l’avons pas adoptée, cependant, parce que le vrai sens de ce passage nous paraît clairement déterminé par la phrase suivante.


Note 29. Page 27.

C’est pourquoi un de tes familiers demandait, et avec raison : « Si Dieu existe, d’où vient le mal ? et d’où vient le bien, s’il n’existe pas ? »

Allusion, selon toute apparence, à ce raisonnement d’Épicure, lequel nous a été conservé par Lactance :

« Deus, inquit Epicurus, aut vult tollere mala, et non potest ; aut potest, et non vult ; aut et vult, et potest. Si vult et non potest, imbecillis est ; quod in Deum non cadit. Si potest et non vult, invidus ; quod æque alienum a Deo. Si neque vult neque potest, et invidus et imbecillis est ; ideoque neque Deus. Si et vult et potest, quod solum Deo convenit, unde ergo sum mala ? Aut cur illa non tollit ? »

« Dieu, dit Épicure, ou veut supprimer le mal et ne le peut pas ; ou il le peut et ne le veut pas ; où il le veut et le peut. S’il le veut et ne le peut pas, il est impuissant ; ce qu’on ne peut penser de Dieu. S’il le peut et ne le veut pas, il est malveillant ; ce qui est également inadmissible. S’il ne le veut ni ne le peut, il est malveillant et impuissant ; et par conséquent il n’est pas Dieu. S’il le veut et le peut, seule hypothèse qui soit digne de Dieu, d’où vient le mal ? Ou pourquoi Dieu ne le supprime-t-il pas ? »

(De la Colère divine, ch. xiii.)



Note 30. Page 27.

Avec quelle insouciance du danger n’ai-je pas soutenu son innocence !

On ne connaît toute cette affaire que par ce qu’en dit ici Boèce, et par quelques indications sommaires du chroniqueur anonyme, édité par Henri Valois, à la suite de son Ammien Marcellin. Cela n’a pas empêché Dom Gervaise, auteur d’une Vie de Boèce en deux volumes, publiée en 1715, de donner in extenso tout le détail du procès de Boèce avec les