Page:Boethius - Consolation 1865.djvu/51

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INTRODUCTION. xnvn

sinon à la matière, du moins à l’organisât.ion de la matière ; clest cet être qui a donné au monde sa forme visible et qui gouverne l’ensemble des choses par des lois fixes et immuables. Rien n’arrive sans qu’il l’ait permis et prévu ; les hommes sont ses sujets ; il a pour ministres les démons, et en première ligne, le Destin ’. Voilà bien le Dieu personnel de Platon, Ylntelligence qui circule dans tout l’univers, qui l’anime et s’y mêle sans s’y absorber, l’Étre libre enfin, dont la volonté, bien qu’en harmonie constante avec les lois de la nature, est pourtant indépendante de ces lois, par la raison que c’est elle qui les a faites.

Arrivé à cette conception de la nature de Dieu, r Platon, craignant d’être pris de vertige s’il tentait de s’élever plus haut, slétait prudemment arrêté et avait prononcé, non sans regret peut-être, son fameux aîvoêywn s-river. Plotin, Porphyre, Jamblique, Proclus, tous les Alexandrins, et Boèce à leur suite, ne craignirent pas de franchir la limite tracée par leur maître et de si élancer dans les mystérieuses régions où s’étaient déjà perdus les Éléates. Clest ainsi que de hardiesse en hardiesse, dlabstretion en abstraction, ils arrivèrent à dépouiller l’Étre par excellence de tous les attributs qui lui sont communs avec le monde, ’et qu’ils en vinrent, par l’abus d’une dialectique inexorable, à Yenfermerrdans le cercle étroit d’une majestueuse, mais stérile unité. Un Ètre privé de 1. Consul., p. 249, sq.