Jésus est condamné ; les apprêts de la mort, [840]
Se disposent ici, l'on pleure sur son sort.
Il a fait tant de bien en toute la contrée,
Que du peuple attendri la fureur s'est montrée ;
Mais le parti contraire, ha ! l'emporte en ce jour,
Si vous ne paraissez, tout espoir sans retour [845]
Va faire triompher les soldats de Caïphe ;
Tous craignent les complots de ce premier Pontife ?
Entendez les clameurs, le bruit des combattants,
On aperçoit d'ici leurs bataillons sanglants ;
Ils semblent, s'avancer : évitons leur vengeance, [850]
Ils confondraient, Seigneur, le crime et l'innocence.
Scène XI
Prêtres, Soldats, Peuple, Madeleine
Un Prêtre.
La victoire est à nous ! Disposant de Jésus,
Nous vengerons nos droits : les ennemis vaincus ,
Se sauvent devant nous, les gens du faux Prophète
Sont enfin dissipés ; ce perfide interprète ; [855]
De nos bras et nos traits n'a pu se préserver;
Et d'un juste courroux, en vain pour se sauver,
Il eût prié son Dieu ; le nôtre véritable
S'est fait connaître à tous vainqueur et redoutable ;
Allons jouir du fruit du plus heureux combat, [860]
Dont se soient illustrés l'officier, le soldat.
Plusieurs fuyards.
Des gens saisis de peur courent, se précipitent.