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Page:Bohaire-Dutheil-Jesus-Christ ou La veritable religion-1792.djvu/48

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Scène XII

MADELEINE, seule.

Eh quoi ! Jésus leur est enfin livré,

De ce malheur affreux mon coeur est pénétré...

Je le sais trop, hélas ! Les docteurs et les prêtres [865]

Voudront sacrifier le plus humain des maîtres,

Ils voudront sur Jésus rejeter leurs forfaits;

Déjà de leur fureur on reconnaît les traits.

Ah ! Puissé-je mourir avec Jésus, mon maître !

Et son disciple, ici, Judas, ingrat et traître, [870]

A donc pu le trahir ! Dieu juste ! Dieu vengeur...

Souffriras-tu ce crime ? Un Prêtre, un imposteur

Réussirait enfin dans ses complots perfides !

Du meurtre de Jésus, ces cruels homicides

Jouiraient en ce jour ! Je ne puis le penser, [875]

Si je le supposais, je croirais t'offenser...

Cependant ô mon Dieu ! Ton fils, le vrai Messie,

Ah ! Suit de tes décrets la sage prophétie !

Il a fallu, dit-on, qu'il fût ainsi trahi,

Et l'arrêt de sa mort doit être en tout suivi. [880]

Le sang de l'innocent doit sceller ce mystère,

Et, pour nous sauver tous, ainsi le veut son Père.

Puisqu'il le faut subir ce destin rigoureux.

Je ne survivrai pas au sort le plus affreux.

Oui, Jésus, en ce jour, oui, je me sacrifie ; [885]

S'il faut que tu périsse, ah ! Je perdrai la vie ;

Je m'attache à tes pas. Ô Jésus ! Tes douleurs

Vont être le signal de mes sanglots, mes pleurs ;

Tes cruels ennemis, et ces prêtres barbares,

Avides de ton sang, dont ils seraient avares , [890]

S'ils avaient tous mon coeur ; ils ne lanceront pas