Quoi ! Je n'entendrais plus en ces tristes climats
Celui qui par sa voix savait guider mes pas ;
Ô mon Dieu ! Trop longtemps à moi-même livrée, [1225]
Je devins le jouet d'une foiblesse outrée.
En vain le repentir a réparé mes torts ;
Je ne puis étouffer les sinistres remords
Qui m'accablent toujours, ô Jesus ! Ô mon Maître,
Mon vrai Consolateur, le seul qui puisse l'être ! [1230]
Connaissez ma détresse et détournez mes pleurs ;
Ah ! Daignez, s'il se peut, apaiser mes douleurs.
Scène V
. Madeleine, Jésus sans se faire connaître.
Jésus
Femme, soyez en paix et retenez vos larmes;
Pourquoi cette douleur, tant de sujets d'alarmes ?
Vos remords ont suffi ; pensez-vous donc qu'un Dieu [1235]
Soit injuste et barbare ? Ah ! Croyez qu'en tout lieu
Il aime à pardonner, et c'est cette clémence
Qui vous démontre en tout l'auguste Providence.
Mais hélas ! Pour Jesus il a fallu qu'ici
Des plus noirs attentats il fut en tout noirci : [1240]
Dieu l'avait décidé ; ses plus sages Prophètes,
De son affreuse mort furent les interprêtes ;
Ce mystère est d'un Dieu, vous ne devez entrer
Dans ses desseins secrets ; loin de les pénétrer
Adorez en silence, et sachez qu'il fait grâce, [1245]
Qu'en bontés et bienfaits rien ici le surpasse.
Madeleine, avec enthousiasme
C'est Jésus, c'est mon Dieu, c'est lui, c'est mon Sauveur
Qui me parle si bien, avec tant de douceur !
Seigneur je me prosterne... Ah ! Cette prophétie