Page:Boileau - Œuvres poétiques, édition 1872.djvu/291

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Bientôt victorieux de cent peuples altiers,
Tu nous aurois fourni des rimes à milliers.
Il n’est plaine en ces lieux si sèche et si stérile
Qui ne soit en beaux mots partout riche et fertile.
Là, plus d’un bourg fameux par son antique nom
Vient offrir à l’oreille un agréable son.
Quel plaisir de te suivre aux rives du Scamandre,
D’y trouver d’Ilion la poétique cendre ;
Dé juger si les Grecs, qui brisèrent ses tours,
Firent plus en dix ans que Louis en dix jours !
Mais pourquoi sans raison désespérer ma veine ?
Est-il dans l’univers de plage si lointaine
Où ta valeur, grand roi, ne te puisse porter,
Et ne m’offre bientôt des exploits à chanter ?
Non, non, ne faisons plus de plaintes inutiles :
Puisqu’ainsi dans deux mois tu prends quarante villes.
Assuré des bons vers dont ton bras me répond,
Je t’attends dans deux ans aux bords de l’Hellespont.