Page:Boileau - Œuvres poétiques, édition 1872.djvu/358

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l’ouvrage à près de neuf cents vers[1]. Voilà toute l’histoire de la bagatelle que je donne au public. J’aurois bien voulu la lui donner achevée ; mais des raisons très-secrètes[2], et dont le lecteur trouvera bon que je ne l’instruise pas, m’en ont empêché. Je ne me serois pourtant pas pressé de le donner imparfait, comme il est, n’eût été les misérables fragmens qui en ont couru[3]. C’est un burlesque nouveau, dont je me suis avisé dans notre langue : car, au lieu que dans l’autre burlesque, Didon et Énée parloient comme des harengères et des crocheteurs, dans celui-ci une horlogère et un horloger[4] parlent comme Didon et Énée. Je ne sais donc si mon poëme aura les qualités propres à satisfaire un lecteur ; mais j’ose me flatter qu’il aura au moins l’agrément de la nouveauté, puisque je ne pense pas qu’il y ait d’ouvrage de cette nature en notre langue, la Défaite des bouts-rimés de Sarasin[5], étant plutôt une pure allégorie qu’un poëme comme celui-ci.

  1. Le Lutrin a plus de douze cents vers aujourd’hui.
  2. Le poëme n’était pas achevé : voilà tout le secret.
  3. Ces fragments avaient même été imprimés en 1673, à la suite de la Réponse au Pain bénit du sieur de Marigny.
  4. Dans la suite l’horloger et l’horlogère ont été remplacés par un perruquier et une perruquière.
  5. Dulot vaincu ou la Défaite des bouts-rimés, poëme de Sarasin.