Page:Bois - L'Île d'Orléans, 1895.djvu/131

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cents grains — ce sont les perles du païs — ils vont trouver les Mères, qui pour lors s’estoient retirées à l’Hospital, et leur portent ces deux colliers pour leur en faire deux présens. »

Vn capitaine, nommé Louys Taiaeronok, parla au nom de tous ses compatriotes en ces termes :

« Vous voyez, sainctes filles, de pauvres carcasses, les restes d’vn païs qui a esté florissant, et qui n’est plus : du païs des Hurons. Nous auons esté déuorez et rongez iusques aux os par la guerre et par la famine : ces carcasses ne se tiennent debout qu’à cause que vous les soustenez ; vous l’aviez appris par des lettres, et maintenant vous le voyez de vos yeux, à quelle extrémité de misères nous sommes venus. Regardez-nous de tous costez, et considérez s’il y a rien en nous qui ne nous oblige de pleurer sur nous-mêmes, et de verser sans cesse des torrents de larmes. Hélas, ce funeste accident qui vous est arrivé, va rengregeant nos maux et renouvelant nos larmes, qui commençaient à tarir. Avoir ueu réduite en cendres en un moment cette belle maison de Jésus, cette maison de charité, y auoir veu régner le feu sans respecter vos personnes toutes saintes qui y habitiez ; c’est ce qui nous fait ressouvenir de l’incendie vniversel de toutes nos maisons, de toutes nos bourgardes et de toute nostre patrie. Faut-il donc que le feu nous suive ainsi partout ? Pleurons, pleurons, mes chers compatriotes, ouy, pleurons nos misères, qui de particulières sont deuenues communes avec ces innocentes filles. Sainctes filles, vous