Page:Bois - L'Île d'Orléans, 1895.djvu/133

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vestements, sans viures, sans lict, et sans les douceurs de la vie, dans lesquelles vous avez esté esleuées dès vostre ieunesse ; les premières pensées que la nature fournira à ces meres toutes désolées, c’est de vous rappeler auprès d’elles, et de se procurer à elles-mesmes la plus grande consolation qu’elles puissent receuoir au monde, procurant aussi vostre bien. Vn frère fera de mesme pour sa sœur, vn oncle ou vne tante pour sa nièce, et ensuite nous serons en danger de vous perdre, et de perdre en vos personnes le secours que nous auions esperé pour l’instruction de nos filles à la foy, dont nous avons commencé avec tant de douceur de gouster les fruits. Courage ! Sainctes filles, ne vous laissez pas vaincre par l’amour des parens, et faites paroistre aujourd’huy que la charité que vous avez pour nous, est plus forte que les liens de la nature. Pour affermir en cela vos résolutions, voicy un présent de douze cens grains de pourcelaine, qui enfoncera vos pieds si avant dans la terre de ce païs, qu’aucun amour de vos parens ny de vostre patrie ne les en puisse retirer ! Le second présent que nous vous prions d’agréer, c’est d’un colier semblable, de douze cens grains de pourcelaine, pour jetter de nouveaux fondemens à vn bastiment tout nouveau où sera la maison de Jésus, la maison de prières, et où seront vos classes dans lesquelles vous puissiez instruire nos petites filles huronnes. Ce sont là nos désirs, ce sont les vostres, car, sans doute, vous ne pourriez mourir contentes, si en mourant on vous pouvoit faire ce reproche, que pour l’amour trop tendre de vos parens, vous n’eussiez pas aidé