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Page:Bois - L'Île d'Orléans, 1895.djvu/96

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et plus sensible, et nous y avons fait une perte plus grande incomparablement, que toutes celles qui ont précédé : c’est en la personne de Monsieur de Lauzon, seneschal de cette Nouvelle-France, homme de cœur et de résolution, rompu dans les guerres de ce pays-ci, sur qui nous fondions une bonne partie de nos espérances, pour la destruction de l’Iroquois. Il y a plus de trente ans que Monsieur son père ne cesse d’immoler ses soins pour l’establissement de ces nouvelles terres ; il y perdit l’an passé un de ses enfans, en voicy encore un qui donne sa vie pour la conservation d’un païs que le père avoit, en quelque façon, fait naître.

« Ce brave jeune homme n’en pouvoit voir la destruction, ny la desolation generale qu’y causoit l’ennemy par les meurtres et par les embrasemens, sans estre piqué d’un généreux désir de lui donner la chasse, pour sauver le reste des François qui estoient dans le danger.

« Il monte en chaloupe, luy huitième, et s’estant approché d’une maison située vers le milieu de l’Isle d’Orléans, dans laquelle les Iroquois s’estoient mis en embuscade, il fallut en venir aux mains. Il y avoit sur le rivage un gros rocher, qui pouvait servir de boulevard à ceux qui s’en seroient emparez les premiers ; de quoy s’appercevront bien les ennemis, ils prennent chacun deux ou trois pièces de bois, et les joignant ensemble, les portent devant eux comme des mantelets à l’épreuve des grands coups de fusil, que nos François déschargeoient continuellement sur eux. Mais ils ne les purent empescher de se saisir de ce poste avantageux d’où, comme d’une tour dressée tout à dessein, ils avoient sous leurs fusils et à