Page:Bois - L'Île d'Orléans, 1895.djvu/97

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leur commandement la chaloupe, qui, par malheur, s’estant eschouée sur le costé qui regardoit ce rocher, présentait tout son flanc à découvert aux Iroquois, et leur mettoit en veüe ceux qui s’en dévoient servir comme d’un retranchement.

« Alors le combat commença tout de bon par les descharges qui se faisoient de part et d’autre. Mais que pouvoient faire nos gens, qui n’estoient que huit contre quarante, et tous découverts, contre ces furieux gabionnez derrière leur rocher ? Reconnaissans donc bien qu’ils n’avoient de défense que leur courage, et que l’extrémité où ils se voyoient les obligeoit de songer plus au salut de leur âme qu’à la seureté de leur corps, ils commencèrent l’attaque par la prière publique, qu’ils firent par trois fois, pendant que les ennemis, qui, sentant bien leur avantage, et qui se tenoient déjà victorieux, leur firent trois sommations de se rendre, faisant mille belles promesses de la vie.

« Mais, Monsieur le Seneschal, preferant une glorieuse mort à une honteuse captivité, refusa tous ces pourparlers, et ne repondoit à ces semonce que par la bouche de son fusil ; et comme il s’y comportoit le plus chaudement à tous, aussi fut-il le premier tué, et peu après luy les autres François, sur lesquels l’ennemy faisoit sa décharge en toute assurance, estant couvert de ce gros rocher ; il n’en demeura qu’un en vie, mais blessé au bras et à l’espaule, et mis hors de combat ; il fut pris et mené par les vainqueurs dans leur païs, pour y estre la victime de leur fureur et de leur cruauté.

« Quand ces tristes nouvelles, que nous avons sceuës par un captif François, eschappé des mains des Iroquois, nous furent