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LE MAGE

Orgueil, péché père de tous les péchés, tu adombres l’auréole des mages.


Approchez-vous de ces hiératiques discoureurs, bravez l’épaisse muraille d’encens et de soufre, dont ils se protègent et qui les enivre ; secouez l’oripeau de chacun, voyez la chair nue, touchez la plaie.


Le plus hautain d’entre eux, Julien, meurt en blasphémant sa destinée, en avouant sa déroute, lui l’intelligence exaltée devant le Galiléen, le dieu du cœur. Les autres n’arrivent pas à la popularité ; ils sont liés d’ombre. Gilles de Rais étonna le monde de sa folie de massacres. L’alchimiste Flamel fut un usurier. Trithème s’enténébra dans des pantacles et de chimériques algèbres. Cornélius Agrippa, sceptique et vénal, finit par écrire un livre d’ironie suprême sur la vanité des sciences. Paracelse, le plus fougueux, le plus génial, vécut dans l’ivrognerie et la débauche ; et sur lui savant prodigieux pèse, irréparable, le discrédit de l’empoisonneur et du charlatan, pour son style emphatique et ses trop hâtives découvertes. Les anciens Rose-Croix mystifient en vaticinant. Cardan et Lavater se tuent. Cagliostro laisse une réputation d’escamoteur et de proxénète. Le comte de Saint-Germain ne fut jamais pris au sérieux. Cazotte ne toucha aux grands secrets que pour en mourir.

Deux s’efforcèrent plus loyalement vers la piété et la sagesse ; en vain ils rompirent avec la vanité artificieuse des prétendus adeptes, le sort redoutable les enveloppa.

Je veux parler de Raymond Lulle et de Jean Dee.