Page:Bois - Le Satanisme et la magie.djvu/118

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
84
LE SATANISME ET LA MAGIE


II
RAYMOND LULLE ET JEAN DEE


Raymond Lulle le docteur illuminé, le poète, l’alchimiste, le martyr. C’était un amoureux aussi, un amoureux d’un unique amour ; il fut sauvé d’une réputation équivoque devant la postérité par ce rayon de la femme dans sa vie. Mais il n’eut que les plus douloureux triomphes, ne connut de la couronne que les épines.

Né à Gênes, il y avait, jeune homme, la réputation d’un séducteur. Ayant rencontré dans la rue la belle Ambrosia, il ne sut pas retenir sa fougue et son cheval, pénétra à sa suite dans l’église. Puis il pourchassa d’intrigues et de sonnets sa nouvelle passion. Ambrosia appela chez elle enfin le bouillant cavalier. Et tandis que celui-ci songeait au triomphe tout proche, elle dégrafa son corsage et lui montra sa poitrine… un des seins totalement rongé par un cancer faisait un trou.

« C’est à ce corps misérable, flétri et de si brève durée, lui dit-elle, que vous voulez consacrer votre jeunesse et votre esprit. Dieu seul mérite un tel amour. »

Raymond en cette noble épreuve trouva sa rédemption et Ambrosia fit du chevalier dissipé un savant, un saint et un adepte.

La légende raconte que Jésus-Christ lui apparut dans la nuit, qu’il donna tous ses biens aux pauvres et qu’il se voua désormais à la propagande du catholicisme contre le mahométisme envahisseur. Il y dépensa une incomparable