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LES ÉVOCATIONS FANTASTIQUES DES MAGES

devient pour l’Église la plus pernicieuse hérésie, quand même les manifestations en seraient bienfaisantes, surtout dans ce cas ; la conscience humaine, grâce à ces directeurs nouveaux, insaisissables et d’autant plus influents, échappe aux dogmes, se rit des hiérarchies ecclésiastiques, ne veut plus recevoir d’ordre que directement de l’Au-delà.


La magie, elle, exaltation de l’homme, sa glorification aux dépens du visible et de l’invisible, rentre pour des yeux théologiques ou scientifiques dans le casier poudreux des superstitions ; mais elle chatoie des découvertes nouvelles et futures : le magnétisme, l’hypnotisme, la télépathie dorment en elle ; de plus, à l’homme, sombrant volontiers en l’idolâtrie grossière, peur ou adoration des phénomènes naturels et de cette objectivité sans cesse opposée à ses efforts, elle a fait comprendre cette vérité révolutionnaire : l’infini s’approfondit plus en soi que hors de soi, Dieu est moins le père au delà des sept cieux, que la voix silencieuse, la force irrésistible en deçà des sept cycles de l’âme ; le mystère rugit en l’homme avant que de rutiler dans l’univers. Celui qui sait les lois de son être connaît la terre, l’éther et les étoiles.


Platon, Kant, Hegel, Renan lui-même, — ô paradoxe des Providences ! — popularisèrent la pensée des mages ; et toute cette médiocre jeunesse moderne qui blague le mysticisme transcendantal ne vit, parasite aveugle, que sur ce banquet du « moi » triomphant, servi par Zoroastre, Apollonius, Paracelse, Eliphas Levi à son indigence d’orientation et de méthode.