existent, gouvernent tout, du sommet de leurs montagnes, en ce Thibet de méditation et de miracle. Tel est le but, telle est la mission du vrai Mage. Mais s’imaginer qu’on va commander aux mauvaises forces, par une extraordinaire ambition, qu’on va se servir du mal, que, parce que l’on se dit mage, les démons vont se grouper autour de soi obéissants ! Vous répondez que les démons peuvent fort bien jouer ce rôle de domestiques, que Dieu sait ce qu’il fait, qu’il ne se laisse forcer ni conduire, étant le plus prudent, étantle plus fort. Le caprice humain n’a sur lui pas de prise, tandis que le diable… Je vous y prends ! Les anges ne vous suffisent donc pas, si vous êtes pur ! Si vous ne l’êtes, vous pouvez encore moins vous défendre contre la malice démoniaque ; le désordre au lieu de se plier à votre ordre, profitera de la mollesse de votre âme pour y ancrer sa dévoration. Le sorcier finit toujours étranglé par le Diable[1]. Vieille histoire du docteur Faust, légende vraie, roman d’observation. Il faut passer, le glaive à la main, le mépris sur les lèvres, devant les larves et les démons.
Mais le Tentateur du vertige est malin comme ce singe qu’il apparaît souvent. À travers tous les grimoires, le Diable, devenu ermite, susurre : « Respecte Dieu, tu seras puissant sur moi. » N’est-ce pas vrai ? toutes les Écritures en témoignent. Puis il continue : « Étant puissant sur moi, veuille bien t’adresser à moi pour tes petites réussites. Les Anges sont trop délicats pour certaines besognes, moi bon garçon, je me prête à tout. » Il s’introduit ainsi
- ↑ Voyez aussi dans Là-Bas, les évocateurs du Diable, bâtonnés par lui, et cela au grand desespoir et à la grand’pitié de Gille de Rais qui les appelle et qui les paie.